Actuellement,
20% d’un groupe d’élèves sortent
du système sans qualification aucune et/ou sont décrocheurs
du système. Pour répondre à ce grave problème,
le Conseil Européen de Lisbonne de 2000 a décidé de
réduire de moitié, d’ici à l’an 2010,
le nombre de personnes de 18 à 24 ans n’ayant accompli que
le premier cycle de l’enseignement secondaire et ne poursuivant aucune
formation. Le Conseil européen s’est également engagé à favoriser
le développement de l’éducation et de la
formation tout au long de la vie.
Cet engagement, co-signé par les pays partenaires du projet « Nouveau
système de certification pour les jeunes sans qualification »,
consiste à:
1.
intensifier les contenus et méthodes de formation professionnelle
initiale ;
2. développer les liens, les passerelles entre formation professionnelle
initiale, formation d’insertion et formation continue
;
3. développer de nouvelles méthodologies d’évaluation
et de validation des compétences à acquérir en milieux
formalisés et non formalisés afin d’aboutir à une
certification officielle de compétences.
Notre
projet répond à ce troisième
objectif.
1-
Des compétences existantes mais non validées Ý
Le projet « Nouveau système de certification transparent pour
les jeunes sans qualification » concerne les jeunes de 15 ans à 25
ans issus du système scolaire, sans qualification professionnelle
et sans perspective d’insertion socioprofessionnelle à court
terme.
En dehors des circuits officiels d’éducation et de formation
professionnelle (les lycées et les centres de formation, …),
ces jeunes acquièrent aussi des compétences au cours de leurs
expériences d’apprentissages non formels. Bon nombre d’initiatives
de stages, de mises au travail, de formations complémentaires destinées
aux jeunes délivrent des certificats qui ne constituent pas des
validations officielles. Ils ne disposent donc pas d’un « passeport
pour l’emploi » qui leur donnerait une reconnaissance auprès
des employeurs de leur pays et qui leur permettrait d’envisager une
mobilité européenne.
De ce fait, les compétences acquises par ces jeunes ne sont pas
suffisamment valorisées. Or, elles existent bien : les expériences
de vie, les « petits boulots », les expériences personnelles
ainsi que les études, même incomplètes, et/ou les stages
effectués leur ont permis de développer des compétences
de base en langue et en mathématique, une capacité de raisonnement
logique, des compétences personnelles et sociales, et des compétences
plus spécialisées relevant de certains domaines professionnels.
Cette insuffisance de pratiques de reconnaissance des acquis a des effets
fortement négatifs : les compétences des jeunes ne sont pas
reconnues alors que cela contribuerait à développer leur
estime d’eux-mêmes et leur sentiment d’efficacité personnelle.
On se prive ainsi d’un moyen essentiel pour développer les
motivations à l’apprentissage des jeunes. Cette situation
n’est en outre pas valorisante pour les systèmes de
formation et pour les formateurs.
2-
Les limites de l’évaluation Ý
Le plus souvent, l’évaluation directe des capacités
et des connaissances des participants à des stages de formation ne donne qu’une information partielle sur leurs capacités
et leurs connaissances réelles. On n’oubliera donc pas le
fait qu’une évaluation directe ne fournit qu’un état
approximatif des savoir-faire et des capacités qu’un
stagiaire a effectivement acquis durant sa formation.
Une autre limite est liée au fait qu’il reste encore difficile
d’évaluer un contenu éducatif figurant dans un programme
de formation établi dans un pays européen et de le comparer
de manière transparente à des contenus figurant dans des
programmes d’autres pays européens. C’est la raison
pour laquelle le conseil européen s’est donné pour
objectif de construire un Cadre Européen des Certifications Professionnelles
(CECP) pour la formation tout au long de la vie tout en recommandant à chacun
des pays de l’Union européenne de construire son propre système
de certification.
3-
Des critères d’évaluation transparents au
travers de l’Europe Ý
Selon la « Proposition de recommandation du parlement européen
et du Conseil établissant le cadre européen des certifications
pour l’apprentissage tout au long de la vie »1 ,
en date du 05/09/2006, « la transparence des certifications se définit
comme le degré de visibilité des certifications qui
permet d’identifier et de comparer leur valeur sur les marchés
du travail, de l’enseignement et de la formation, ainsi que
dans un cadre social plus large. La transparence peut
dès
lors se concevoir comme un préalable indispensable à la
reconnaissance des acquis de l’apprentissage qui aboutissent à une
certification. L’amélioration de la transparence est
importante pour les raisons suivantes :
-
elle permettra d’apprécier la valeur relative
des certifications ;
- elle constitue une condition préalable au transfert et à l’acquisition
de certifications supplémentaires, à l’apprentissage
tout au long de la vie et dans tous les aspects de la vie nécessitant
que l’individu puisse conjuguer et compléter les certifications
qu’il a acquises dans des environnements, des systèmes et
des pays différents. Des systèmes transparents permettent
par ailleurs de déterminer de quelle manière les certifications
peuvent être mises en relation et/ou associées
;
- elle permettra aux établissements d’enseignement et de formation
de comparer le profil et le contenu de leurs programmes à ceux des
autres établissements, et constitue dès lors un préalable
important à la mise en place de l’assurance de la qualité dans
les domaines de l’enseignement et de la formation. »
Dans
son avis, en date du 30 mai 2007, relatif à la « Proposition
sur le cadre européen des certifications pour l’apprentissage
tout au long de la vie » (CECP), le Comité économique
et social européen2 souligne
l’importance
de la construction de cadres nationaux de certifications professionnelles
qui pourront être
reliés au cadre européen des certifications professionnelles.
Le comité note aussi que l’objectif n’est pas
de construire un système d’éducation et de formation
qui serait uniforme au sein de l’Union européenne mais
qu’il est nécessaire
de consolider les étapes qui sont franchies dans la quête
de transparence entre les systèmes de qualification des différents états.
Cela nécessite des mécanismes perfectionnés
de garantie de la qualité, notamment des délivreurs
de certifications, au niveau des états membres. Dans son point
5.4., le Comité économique
et social européen suggère que les critères
- qui serviront à fonder la mise en relation des dispositifs
nationaux de certification avec le cadre européen – soient
définis
de façon plus claire en utilisant un langage moins académique
et plus proche de la formation professionnelle.
C’est à la définition de certains de ces critères
que nous avons consacré le projet.
4-
Participer au défi européen Ý
Toute personne devrait donc pouvoir accumuler les acquis de ses
apprentissages formels et non formels effectués dans différents systèmes
et institutions. Il devrait ensuite pouvoir faire reconnaître et
valider officiellement ces comp étences.
Fournir des descripteurs de compétences qui, à terme, pourraient être
communs à la reconnaissance des acquis formels et non formels au
sein de l’Europe est un défi majeur.
Le travail à entreprendre sera certainement long et complexe
. Il faudra trouver des formulations communes aux différentes
instances administratives, aux formateurs, aux patrons et aux
personnes en formation.
Il faudra de même harmoniser le langage pédagogique
des formateurs et le langage des professionnels des métiers
eux-mêmes. En
outre, on peut s’attendre à ce que les points de vue,
les grilles d’analyse, les conceptions des divers interlocuteurs
diffèrent
de façon notable, d’autant que la construction de systèmes
de certification relève, d’une part, d’analyses
scientifiques et techniques des compétences et, d’autre
part, de négociations
sociales liées en partie à une lutte ou à une
quête
de reconnaissance (Honneth, 2000 3;
Caillé, 2007 4).
Dans le cadre de notre projet, nous avons cherché à définir
des descripteurs spécifiques et qualitatifs des connaissances, des
aptitudes et des compétences adaptés à notre public
de jeunes sans qualification, descripteurs qui constituent un socle de
base leur permettant de s’engager dans une filière de
formation professionnelle.
Le référentiel que nous avons élaboré et la
méthodologie d’utilisation qui doit l’accompagner ont
pour but d’aider à la reconnaissance et à la validation
des acquis des jeunes par la création de niveaux de référence
communs. La reconnaissance des acquis vise l’ensemble des dispositifs
permettant la valorisation sur le marché du travail des savoirs
et des savoir-faire acquis par une personne à travers son expérience
professionnelle (attestation de stage, stage pratique, bilan des compétences,
attestation de formation, …). La reconnaissance des acquis peut permettre
une validation et conduire à une certification professionnelle (diplôme
ou titre). La certification des acquis relève quant à elle
de la responsabilité des états membres.
1. http://ec.europa.eu/education/policies/educ/eqf/com_2006_0479_fr.pdf Ý
2.
Journal Officiel de l’Union Européenne (27/7/2007).
Avis du Comité économique et social européen
sur la «Proposition de recommandation du Parlement européen
et du Conseil établissant le cadre européen des certifications
pour l’apprentissage tout au long de la vie. »
[ http://eur-lex.europa.eu/LexUriServ/site/fr/oj/2007/c_175/c_17520070727fr00740077.pdf ] Ý
3. Honneth,
A. (2000). La lutte pour la reconnaissance (P. Rusch, Trad.). Paris
: Cerf. (Edition
originale, 1992). Ý
4. Caillé, A. (Dir.) (2007). La quête
de reconnaissance, nouveau
phénomène
social total. Paris : La Découverte. Ý