Auteure : Dominique Faure

Illustratrice : Suzanne Prot

Dictionnaires

 

UNE BONNE IDÉE

 

La neige tombe sur la campagne.
Il va bientôt faire nuit.
Le grand moulin est tout blanc.
Il est triste. Il dit à son voisin, le pommier : « Nous sommes seuls maintenant :
nos amis les moutons, les vaches et les souris sont partis au village
pour passer les trois mois de l’hiver. »
« Oui, répond le pommier. Nous sommes seuls.
Et moi, en plus, je ne suis pas beau maintenant.
J’aime être tout rond, tout doux
avec beaucoup de feuilles, avec beaucoup de pommes,
comme en juillet, comme en août, comme en septembre !
Et regarde-moi ! Je ne suis plus vert, tout sec,
je n’ai plus de feuilles et je n’ai plus de pommes !
Oh, je suis triste ! Je ne suis pas beau ! »
 
 

« Chut! dit le moulin. J'ai entendu quelque chose... »
« Quoi? » demande le pommier.
« On marche sur la neige... on va passer par ici... »
« Qui? demande le pommier. Qui? »
« Je ne sais pas, répond le moulin et il s'élève bien haut pour voir.
« Appelle! dit le pommier. On va voir qui c'est! »
« Oh, oh ! Venez ! Nous sommes ici !
C'est par ici ! », crie le moulin.
 
 

 

Le moulin appelle encore. Un petit âne arrive alors.
Il porte une écharpe autour du cou :
il a mal à la gorge.
Derrière lui, une poule et un mouton arrivent aussi.
Et derrière le mouton, un tout petit oiseau saute dans la neige.
Il fait un saut, puis un autre saut, puis un saut, puis un autre.
C’est beau comme il saute sur ses deux pattes !
 


« Oh, j'aimerais partir pour l'Afrique! dit le petit âne.
L’hiver est tellement froid, ici ! »

Et le pommier recommence à pleurer :
« Oh la la ! dit-il, le froid ce n’est rien !
Mais regardez-moi ! Je ne suis pas beau !
J’aimerais me cacher. Je suis tout sec, sans feuilles, sans... »

« Oh ! Silence ! crie le moulin. Tu l’as déjà dit ! »
« Je l'ai déjà dit? » demande le pommier.
« Oui! Je l'ai déjà entendu, moi. Allez, silence! »
« Bon », dit tristement le pommier.
 
 

 

« Attends! Attends! crie l'oiseau. J'ai une bonne idée:
Si le mouton se couche là pour la nuit,
un loup arrivera et le mangera.
Mais si le mouton monte sur le pommier,
le loup ne pourra pas le manger... »

« Et comment je peux monter? » demande le mouton
qui est d'accord sur l'idée.
« C'est moi qui dois descendre », dit le pommier.
Et l’arbre descend ses branches vers le sol
pour faire un pont au mouton.

Le mouton avance et le pommier s'élève
avec le mouton au milieu de ses branches.
« Oh ! dit le pommier, tu as de la laine sur le dos,
comme de la neige toute douce mais c'est chaud!
C'est aussi bien que mes pommes! »
Le mouton, lui aussi, est content :
en haut du pommier, il n’a plus peur du loup.
Le petit oiseau qui a eu l’idée
vole jusqu’au mouton.
Il se couche pour la nuit sur son dos si doux.

 

« Et moi, dit l’âne, je monte aussi ? »
« Et moi ? » dit la poule.

« Oh non ! répond le pommier,
C’est beaucoup trop pour moi !
J’ai déjà un mouton et un oiseau là-haut ! »
et le pommier recommence à pleurer.
Il aimerait bien avoir ses quatre amis mais il ne peut pas.
C’est un tout petit pommier,
il va encore beaucoup grandir.

Et cette fois, c'est le moulin qui a une idée.
Il va les inviter chez lui.
Dans sa tour, il fait plus chaud que sur la neige !
Il appelle ses amis et il ouvre grande la porte de sa tour.

La nuit est tombée maintenant.
La lune commence à s’élever dans le ciel.
Elle brille comme de l’or. Et elle sourit.

« Bonsoir, madame la lune, dit le moulin.
Je vous souhaite une bonne nuit. »

***

*Copyright Dominique Faure et Erny Plein / Euro Cordiale a.s.b.l.*